Que peux-tu nous dire sur la situation de la CABA à l’aube de cette nouvelle année ?
La CABA connaît depuis bientôt 2 années une baisse de son activité. Comme tous les acteurs de la bio, nous sommes impactés par la crise, à la fois par la démultiplication des labels, l’inflation criante qui affecte notre pouvoir d’achat et aussi par le manque de soutien de la bio par les pouvoirs publics d’une manière générale en France.
Nous sommes confrontés à un devoir de gestion extrêmement rigoureuse, avec une maîtrise parfaite de nos charges sans rogner sur les valeurs du projet de la CABA, autant dire assurer un équilibre audacieux !
Nous nous sommes attachés à éviter tout licenciement économique. Cela dit, passer de 90 emplois à 70 signifie ne pas remplacer certains départs ou contrats ponctuels. Si nous voulons continuer à soutenir nos producteurs locaux et nos partenaires, il nous faut à tout prix maintenir notre équilibre économique avec le regret de devoir limiter nos aides à certains partenaires habituels, provisoirement nous l’espérons !
Pour autant, nous ne regrettons pas l’ouverture de notre 6ème magasin, décidée dans une période plus faste ; même si nous sommes rattrapés par une conjoncture dégradée qui nous fragilise aujourd’hui. Mais on le redit, 1 m2 de surface de vente en bio, c’est 1,5 ha de terres cultivées en bio donc nous allons donc tout faire honorer nos engagements tout en mettant le développement de côté pour l’instant.
Par contre, pas question de faire rentrer des produits non bio dans nos rayons ou des produits aux labels moins disant comme le font certaines enseignes bio ! À la CABA, les produits locaux resteront sans pesticides. Chez Biocoop, les questions de la biodiversité et du climat restent prioritaires avec des engagements à venir qui seront annoncés lors de la prochaine AG
Quel est l’impact de la crise énergétique sur nos prix ?
La hausse est inévitable car les coûts énergétiques et logistiques pèsent sur les coûts de production mais je veux absolument rappeler que l’impact est minimisé par rapport au bio dans les autres enseignes ! Depuis le début 2022, on constate une inflation qui oscille entre 5 et 6% chez Biocoop contre 12% dans les autres enseignes ! Pourquoi ? les raisons sont simples, Le modèle d’agriculture bio et paysanne que nous promouvons est plus résilient : pas d’engrais ou d’intrants importés, moins de mécanisation et surtout le fruit du travail de Biocoop pour s’approvisionner au maximum français et particulièrement la CABA avec ses 140 producteurs locaux. Je rappelle que c’est 86% de l’offre de notre approvisionnement, issu d’une agriculture qui plus est Bio et paysanne et non assujettie aux fluctuations de cours mondiaux ! Il faut donc relativiser en ce moment cette image tenace de la cherté de la bio qui continue à nous desservir... alors que l'écart entre les prix du conventionnel et de la Bio se réduit très nettement.
En quoi être une coopérative a son importance dans ce contexte de crise ?
Oui, le fait d’être une coopérative a son importance. Elle a 40 ans et son ancrage sur la place angevine est un atout. Nos coopérateurs y sont attachés, l’Anjou est l’un des berceaux de la Bio et ce n’est pas par hasard si le Maine et Loire a un pourcentage de production bio supérieur à la moyenne nationale. Il y a un sens politique fort chez nos consommateurs.
Notre statut de coopérative contribue aussi à réduire l’impact de l’inflation sur nos prix, on n’a pas de dividendes à verser comme les grands groupes !
L’esprit de la consom'action reste très vivant ! J’en profite d’ailleurs pour dire que ce statut de coopérative permet à nos coopérateurs et coopératrices d’inter agir, de proposer, de suggérer pour participer et solidifier notre projet CABA et j’invite chacun à le faire ! un peu à l’image de ce qu’était la CABA à ses débuts ! Continuer (encore plus ?) à être ambassadeurs !
Cette année nous allons fêter nos 40 ans !
Que 2023, soit l’année d’un redémarrage de la Bio et d’une reconnaissance affirmée de notre modèle. C’est le vœu que je formule pour cette nouvelle année.