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40 ans de carrière militante !

3 Oct 2023

Peux-tu nous retracer ton lien avec la CABA et par ricochet la création du « Pôle produits » Biocoop à Angers ?

De formation ingénieur en agriculture ma carrière a commencé en fabriquant du tofu avec du soja bio cultivé en France que nous vendions aux coopératives bio de l’ouest de la France et bien sûr parmi ces clients, il y avait la CABA. Au bout de trois années et l’arrivée prochaine de mon premier enfant, je me suis dit qu’il fallait trouver un travail avec une amplitude horaire plus raisonnable. Il se trouve qu’à cette époque, la CABA cherchait quelqu’un pour 26 heures par semaine. J’ai sauté sur l’occasion. C’est là que j’ai travaillé avec Catherine et Line, nous devions préparer le déménagement d’une cave vers un garage ! C’est aussi la rencontre avec Claudie Briais, ma mère du biologique comme je l’ai présentée à ma propre mère ! Claudie était une consommatrice très aguerrie sur la connaissance de la composition des produits alimentaires et non alimentaires. C’est avec elle que j’ai appris comment sélectionner les produits. Pendant que Catherine se passionnait pour la gestion, Line s’orientait plus sur les ressources humaines. Pour ma part je me penchais sur la sélection des produits en animant un groupe de consommateurs organisés en groupe de sélection des produits toujours sous de houlette bienveillante de Claudie. Au cours de ces 10 ans à la CABA, j’ai assisté à la création de Biocoop qui fédérait toutes les coopératives de consommateurs de France, j’ai tenu le crayon pour la rédaction de la première convention distribution Biocoop qui cadrait les règles auxquelles les produits vendus dans les Biocoops devaient satisfaire et j’ai aussi travailler au déménagement du garage vers le local plus important de la rue Chalouère. En parallèle, j’animais un certificat de spécialisation Bio pour des agriculteurs qui voulaient se convertir au bio et je représentais Biocoop auprès des autorités publiques dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges bio européen. Au bout de 10 ans fort de cette riche expérience, je suis embauché par l’association Biocoop pour travailler sur la sélection des produits distribués par les toutes nouvelles plateformes de distribution dont l’objet était d’organiser collectivement l’approvisionnement des magasins pour tout ce qui n’était pas de la production locale, c’est ainsi que j’ai mis en place le « service produits » pour Biocoop qui deviendra le « pôle produits ».Pour ce faire, j’ai fait ce que j’avais appris à la CABA avec la mise en place de commissions de sélection produits constituées de responsables de magasin, de consommateurs puis par la suite de producteurs. De commissions généralistes régionales, elles sont devenues nationales et spécialisées : Epicerie, Produits frais, Fruits et légumes et les produits non alimentaires. 

Peux-tu expliquer en quoi les produits achetés en magasin par les clients dépendent essentiellement du travail du « Pôle produits » ?

Le travail de ces commissions a évolué dans le temps. Au début, il s’agissait de trouver des alternatives bio aux produits non bio qui étaient alors distribués dans les magasins Biocoop faute d’offre sur le marché, il a fallu aller convaincre les fournisseurs de passer en bio. Ensuite nous avons travaillé sur le passage en bio des ingrédients non bio autorisés alors dans les produits bio. Là encore nous demandions aux fournisseurs de modifier leurs recettes, ce qui n’était pas toujours facile. En avançant nous avons travaillé sur l’origine géographique des matières premières en favorisant les productions françaises ce fut le lancement du travail de relocalisation. Par exemple les lentilles vertes que nous vendions venaient du Canada il nous a fallu 4 ans pour que toutes nos lentilles soient cultivées en France. Par la suite nous nous sommes penchés sur l’origine sociale des matières premières, et notamment la promotion du commerce équitable, ainsi progressivement des gammes entières ont basculé en commerce équitable comme les bananes, le café, le cacao, le sucre, le thé, les fruits secs. Sur le modèle du commerce équitable Nord Sud nous avons construit un modèle de commerce équitable Nord Nord avec la construction de filières sous le logo « ensemble pour plus de sens » qui trouvera son aboutissement dans le label « Bio Equitable en France ».  D’autres dossiers ont progressé au fur et à mesure comme la lutte contre l’ultra transformation pour aller vers des compostions les plus simples possibles et qu’avec des ingrédients que l’on pourrait trouver dans nos placards. Le travail de ces commissions n’est jamais fini, à l’écoute des remontées magasins avec des sujets nouveaux comme la préservation de la biodiversité dans les cultures et l’approche de la décarbonation. Si ce travail progresse sur l’ensemble des produits il est le plus abouti dans les produits de la marque de Biocoop

Après 40 ans au sein du réseau, quel souhait pour l’avenir de La Bio chez Biocoop ?

La bio chez Biocoop est déjà en beaucoup de points aboutie et sincère ! Pas de greenwashing chez nous ! Mais il nous faut aller au bout du geste, il y a encore des relocalisations à opérer et nous devons aller encore plus loin sur le commerce équitable, nous sommes aujourd’hui à presque 30% il nous faut viser les 50%. Il nous faut nous pencher sur encore plus de cohérence vis-à-vis de la Biodiversité et la décarbonation. Favoriser les productions animales alimentées à l’herbe, la présence de haies dans les champs, l'assurance de non-déforestation pour les productions exotiques,  la promotion de l’agroforesterie.  

Encore un point qui me tient à cœur : Avec le temps et les évolutions, les consommateurs ne sont plus présents en tant que tels,  dans les commissions stratégie produits  et en parallèle Biocoop s’interroge régulièrement sur la place des consommateurs dans son organisation. Je pense très fort qu’il serait temps de redonner une place opérationnelle aux consommateurs avec leur retour dans ces commissions. En effet, ces commissions ont besoin d’un regard plus ingénu pour creuser de nouvelles pistes de travail. Rappelons-nous que certaine de nos critères de sélection sont issues de réflexions de consommateurs présents dans les commissions comme l’arrêt des lécithines et des arômes non bio, le refus du transport par avion…

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